Quinze jours
maintenant que du dors. Hier, il paraît que tu t’es réveillé un quart d’heure.
Tu n’étais pas que réveillé, tu as serré la main de l’infirmière lorsqu’elle te
l’a demandé.
Lorsque nous
avons appris la nouvelle j’étais avec Sylviane, nous sommes tombés dans les
bras de l’un de l’autre. J’ai eu ensuite ta mère au téléphone qui a pleuré de
joie, Ninon aussi, Anneso de même. Bref, nous nous sommes permis d’ébruiter la
nouvelle. C’était la première fois depuis quinze jours qu’un rayon de soleil
perçait notre angoisse.
Nous attendons
avec appréhension le contact de quinze heures. Nous espérons que tu n’as pas
rechuté ou raté de nouveau un virage.
Cette nuit,
j’avais des tas de chose à te raconter et là, mon esprit est aussi vide que le
tien sous anesthésie.
L’heure H approche.
H comme haschich. Tiens ! Il me vient une idée, une idée qui souvent hante
la tête de parents responsables. As-tu déjà fumé du shit ? Ta mère ne le
pense pas, ta sœur m’a certifié que non. Donc j’en conclus que tu n’en as
jamais fumé. Heureusement, car si jamais je te surprends, je le dis à ta mère.
Ainsi l’image de l’enfant idéal s’écornera. Alors s’il te plaît ne tombe pas
dans des chemins de traverse menant à des bourbiers. Nous ne sommes pas certains
d’avoir l’énergie de t’en sortir.
Encore un quart
d’heure avant d’avoir un médecin au téléphone. J’angoisse. Par moment je suis
en colère après toi. Je t’en veux d’avoir refusé le casque, je t’en veux
d’avoir posé tes lunettes ailleurs que sur ton nez.
Encore dix
minutes. Cependant je suis heureux que tu te sois éclaté avec ton pote, je suis
heureux que tu aies apprécié de skier, je suis heureux que tu aies un ami à ta
mesure. Te souviens-tu de ton voyage en hélicoptère ? J’écris pour passer
le temps. Les aiguilles tournent trop doucement. Je vais aux toilettes, le
temps passera plus vite.
Les nouvelles
sont toujours bonnes. Les médecins te réveillent un quart d’heure par jour. Le
but est que tu respires de nouveau par toi-même. Tu es aussi passablement
agité. Donc pour avoir la paix, ils te rendorment.
Il y a deux
nuits, tu t’es réveillé et tu as hanté les salles de l’hôpital en réclamant de
la chair humaine. Ton apparence était plus Zombie que vampire. Des tuyaux
sortaient encore de ton crane et de ta bouche. Un écran de contrôle, lié à toi,
suivait tant bien que mal tes déambulations. Une horde d’infirmiers hagards te
poursuivait prudemment. Servir d’hors-d’œuvre ou de gâteaux apéritifs ne leur
convenait pas. Toi, endormi par une
surdose d’anesthésiques, poursuivait ton chemin sans te retourner en
criant :
- Chair
humaine ! Chair humaine !
Tu as repéré une jolie infirmière
grassouillette et tu l’as pistée afin de te rassasier. Tu n’étais pas très
rapide. Ta longue immobilité et les nombreux accessoires que tu traînais
ralentissaient ta marche, heureusement pour la demoiselle. Rassure-toi, tu n’as
dévoré personne. C’est un vétérinaire avec un fusil hypodermique qui t’a
endormi.
Les médecins
nous ont suppliés de ne pas t’en parler pour ton bien-être mental. Mais je
préfère que tu connaisses la vérité, surtout depuis la nuit dernière où tu as
essayé de me croquer un doigt.
Bisous.
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