Je publie avec l'accord de mon fils Vivien, les lettres journalières que je lui ai adressées. Cela est probablement une forme d’exhibitionnisme, mais aussi un partage thérapeutique.

jeudi 12 mai 2016

Vingt et unième lettre



mardi 27 janvier 2015

Cette nuit j’ai réfléchi à ce que je pourrais bien t’écrire. Les pensées étaient noires. Pour l’instant Le seul acte positif est l’écriture. Sinon je ne crois plus en rien. Ou je n’ose pas y croire. J’ai trop peur. Le choc de dimanche fut trop horrible. Aurélien a défini mon ressenti ainsi : un ascenseur émotionnel trop violent. Il a raison.
La veille, je découvris ce que pouvait être le bonheur à l’état pur. Ton sourire quand Hugo entra dans ta chambre, un sourire rayonnant de bonheur, de joie et d’amour, fut pour ton père une explosion de joie, un orgasme de bien-être. Ainsi, après que les médecins nous eussent expliqué ta rechute, ce fut la descente aux enfers. Je crus devenir fou. Pour la première fois de ma vie, je ne réussis pas à juguler le flot de détresse qui se répandait dans mes entrailles.
Comme tu sais, tu es plongé une deuxième fois dans un coma artificiel. Les médecins sont optimistes pour ton avenir. Tant mieux pour eux. Je ne suis pas pessimiste, je ne suis rien. Je m’interdis de penser à ton avenir. Je suis devenu comme les gens crédules, je ne crois que ce je vois. Et tant que je ne te verrai pas ailleurs que dans un hôpital, je ne croirais en rien. J’ai trop peur de souffrir, et je souffre de ne pas y croire. Que veux-tu, la première fois, les médecins étaient tellement étonnés que tu sois revenu parmi nous, alors qu’ils avaient réussi à nous maintenir entre le désespoir et l’espoir que je n’arrive pas à les croire. Je ne leur reproche rien. Ils préservent  notre équilibre mental. En réa, tout est possible et rien n’est impossible.
Voilà mon état d’esprit en ce jour. En plus, il faut de nouveau attendre quinze heures pour avoir de tes nouvelles. Je n’en peux plus. J’étais tellement heureux d’être sorti de cette boucle infernale que d’y être aspiré de nouveau m’explose. Apparemment, il n’y a que moi qui suis dans cet état d’esprit. Cela devrait me rassurer. Ceci ne m’empêche pas de croiser tout ce que je peux croiser. J’ai même tenté d’inter changer les testicules gauche et droit. Je touche constamment du bois. De nombreuses personnes pensent à toi.
Il n’y a rien à faire, tant que tu dormiras mon électro-espérance restera plat.
Petite nouvelle, les médecins ont retiré un anesthésiant. Ton PIC est stable.
Bisous

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