Mardi 20 janvier 2015
Ces dernier temps mes
écrits sont sporadiques. Ta sœur et ta mère en sont les principales
responsables. Hier après-midi, elles ont écumé les magasins du centre-ville de Marseille.
C’est tout juste si les fringues achetées ne remplissaient pas ta chambre.
Hier, nous devions te
voir sans tuyaux dans la bouche. Mais la logistique des médecins, aussi
incompréhensible que le patois d’oïl exprimé par un nord-coréen, en a décidé
autrement. Théoriquement aujourd’hui, ils devraient…c’est cela, ils
devraient…j’écrirais même plus : ils devraient…depuis une semaine nous
sommes trimbalés de droite à gauche. Non nous sommes trimbalés d’espérance en
résignation, de résignation en désespoir, de désespoir en consternation, de
consternation en espérance. Puis le cycle recommence avec quelques variations.
Ces variations sont notre espoir, c’est toi qui les crées. Tu essayes de sortir
du lit, pour rejoindre ta mère et ta sœur, tu sursautes au mot ski. Et lorsque
ton père entre, tu planques ton pétard sous la perfusion.
Donc aujourd’hui notre
seule certitude est qu’ils devraient…
Et nous, en fonction
de « ils devraient… », nous devons agir en conséquence. Nous devrions
rentrer, nous devrions rester, nous devrions hurler notre désespoir, nous devrions
clamer notre joie, nous devrions être amorphes. Une seule certitude dans ce
monde au contour incertain. Ta sœur est toujours aussi chiante.
D’ailleurs, il n’y a
pas qu’ici que le bordel règne en maître. A Beauvais, Antonin a 40° avec une
grippe, Louise a une bronchite et Anneso 39°. Je rentrerai bien leur faire un
petit coucou, mais j’ai peur de te ramener des saloperies qui seraient capables
de prolonger la période de : ils devraient…
« Coucou
mon frère, tu sais que tu n’as jamais été aussi doué pour me faire tourner en
bourrique qu’aujourd’hui, je suis venu te voir, plusieurs fois, je ne sais pas
vraiment si tu t’es rendu compte de ma présence mais en tout cas tu m’en as
donné la sensation. Je t’ai même dit « profite de ce moment car je n’ai jamais
été aussi gentille avec toi ! ». En tout cas mon PETIT frère réveille toi, je dis bien « petit »
car une infirmière a cru en me voyant que j’étais ta PETITE sœur ! Tu te
rends compte, je suis sûre que si tu avais été là, tu aurais été trop fière.
Sinon j’appelle Guillaume toutes les semaines pour le tenir au courant de tes
derniers caprices d’œdème, de pression intracrânienne et toute les vertes et
les pas mûres que tu nous fais voir chaque jour ! Aujourd’hui je ne sais
pas encore si on rentre ou si on reste, mais si tu pouvais sortir cet œdème de
ta foutue trachée ça serait cool, mais vu que tu as un peu le sens de la
contradiction je devrais te dire « garde ton œdème Vivien ! ».
Frérot, je t’aime ♥ !
Ta soeusoeur la plus chiante (même doublement
chiante car j’ai pris ta part pour l’instant !)
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