Je publie avec l'accord de mon fils Vivien, les lettres journalières que je lui ai adressées. Cela est probablement une forme d’exhibitionnisme, mais aussi un partage thérapeutique.

jeudi 26 mai 2016

Trente-cinquième lettre



mardi 10 février 2015

Il est 8h38, le sommeil vient de me lâcher la grappe. Possessif, il a laissé trainer des  filaments qui encombrent ma cervelle écervelée. Ma pensée est encore envahit par des rêves qui n’ont de réel que leur non-sens.
 Toi tu reviens un peu plus chaque jour. Hier tes yeux étaient grands ouverts. Tu nous suivais du regard. Tu as écouté de la musique (La Mine de Rien). Nous avons commencé à te lire le Hobbit. Ma préférence était plutôt pour un livre bien gore avec des zombies bouffeurs d’hommes. L’autorité de ta mère m’en dissuadé.
Hier nous t’avons quitté avec le cœur un peu moins lourd. La légèreté sera pour plus tard.
Maintenant, je dois m’occuper du nouveau téléphone de ta mère. Le premier fonctionnait parfaitement. Il n’y avait que la fonction micro qui avait quelques faiblesses. Nous ne comprenions rien des paroles de ta mère. Par politesse, tous les correspondants répondaient oui à tout ce qu’elle disait, même aux pires conneries. Bien que tu fusses dans le coma ta mère était heureuse comme une maman qui est heureuse quand son enfant est entre la vie et la mort. Cependant le fait que tout le monde acquiesce à ses commentaires l’a empêchée de sombrer dans le désespoir.
Inquiet pour la santé mentale de ta mère nous avons tenu un conseil de famille sans ta mère. Nous avons tous décidé à la majorité absolue de ne rien lui dire tant que tu étais dans le coma. Le problème est que tu en es ressorti pour mieux y replonger. Nous comme des cons, avions profité de ton réveil pour lui dire la vérité. Je reconnais que la vérité l’a moins perturbé que ta nouvelle fusion avec Morphée.
Elle ne changea pas de téléphone. D’entendre oui à chacun de ses commentaires lui était trop bénéfique et flattait son égo. Ainsi elle supporta ta deuxième phase de sommeil sans tomber dans la dépression.
Maintenant que tu es réveillé, elle a enfin accepté de changer de téléphone. Nous, d’un commun accord avons décidé de continuer à lui répondre toujours OUI.

Bisous

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire