Je publie avec l'accord de mon fils Vivien, les lettres journalières que je lui ai adressées. Cela est probablement une forme d’exhibitionnisme, mais aussi un partage thérapeutique.

lundi 16 mai 2016

Vingt-quatrième lettre



Vendredi 30 janvier 2015

Comme d’habitude la date commence la correspondance du jour. D’ailleurs, elle a failli rester seule, isolée au milieu des autres articles. Je n’ai pas grand-chose à dire et encore moins à écrire. Nous sommes dans l’attente de ton réveil. Dès que tu ouvriras une paupière, nous sauterons dans le train et viendrons te câliner. 
J’écris nous, mais j’ignore qui est nous. Nous n’est pas moi. Mais, j’appartiens à nous, tout en ne partageant pas les pensées fondamentales de nous. D’ailleurs je ne partage pas non plus les idées de la nounou qui est pourtant une fille adorable et appréciée des petits. «  Nous » est les personnes qui passent te voir indépendamment de ta volonté. « Nous » est un nombre variable. Il peut être deux ou plus mais pas un, car un est « je ». « Nous » est un multiple de un, ce qui permet une infinité de combinaison.
Je pourrais écrire à la première personne du singulier, cependant cela impliquerait une écriture beaucoup plus personnelle qui serait probablement trop incisive, voir canine. Dans ce cas, notre correspondance deviendrait plus personnelle et serait du moins dans l’immédiat réservée à nous deux. Et pourquoi pas, un journal intime où je pourrais tirer à boulet rouge sur tout ce qui bouge. Rassure-toi, tu n’es pas concerné. Pour l’instant, tu es immobile. Mais si tu avisais de remuer ne serait-ce qu’un petit doigt, je t’enverrai la cavalerie lourde, soutenue par des archers. Je te connais, tu serais bien capable de décimer ma cavalerie en utilisant tes lanciers.
Jusqu’à maintenant j’ai toujours modéré l’écriture. Que ce soit sur le blog ou ailleurs, j’ai toujours filtré mes pensées afin de ne froisser personne : de l’auto censure. Ces derniers temps, tu en es surement responsable, j’ai envie de me lâcher. Cependant, les écrits ne seront plus lisibles et cela m’attriste. Que veux-tu, je suis trop exhibitionniste.
Hier, les médecins ont tenté de te réveiller. Ton agitation, ton allergie rédhibitoire aux tuyaux qui entrent dans ta bouche et un PIC ascensionnel les ont motivés  à te rendormir.
Ici, il neige, cependant elle ne tient pas.
     Bisous

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire