Je publie avec l'accord de mon fils Vivien, les lettres journalières que je lui ai adressées. Cela est probablement une forme d’exhibitionnisme, mais aussi un partage thérapeutique.

dimanche 15 mai 2016

Vingt-troisième lettre



jeudi 29 janvier 2015

Déjà quatre semaines depuis ton accident. Seulement quatre semaines depuis ton accident.
Que seront les nouvelles d’aujourd’hui ?
Mardi, elles étaient relativement positives. Hier elles étaient…
Aujourd’hui elles seront…
J’ai contacté Airion afin de récupérer tes affaires. Tes études pour cette année, c’est foutu.
Dehors, il pleut et je suis toujours au sec. Ce qui signifie que je ne suis pas encore sans domicile. Si cela arrivait, j’aurais besoin d’un PC water plouf et vin plouf. Car si cette situation se présentait, je m’abonnerais au gros rouge.
Tant que tu seras là, je t’écrirais jusqu’au moment où tu bouquineras  de nouveau.
Peut-être que tu ne liras jamais ce texte car tu auras d’autres occupations et que la lecture te semblera ennuyeuse. Je comprends que tu puisses trouver rébarbatif un écrit où ton père parle de ses états d’âmes qui ne sont pas au beau fixe, et dont le sens de l’humour s’est délité  dans une narration dépressive. Je le comprends soit, mais je ne l’accepte pas. Je profiterai d’un moment où tu seras attaché à ton lit pour tout te lire. Et si tu n’es pas content, je collerai un sparadrap sur ta bouche pour ne pas entendre les mots orduriers qui ont fleuri mon quotidien la semaine dernière.
Mon imagination est enraillée et la table du salon est encore pleine du petit déjeuner. Les petits sont à l’école. Louise a une sortie au parc Dassault, ton parc préféré. J’espère qu’elle n’est pas soluble dans l’eau, car avec ce qu’il tombe, il n’en restera pas grand-chose. Anneso est au boulot et mézigue s’occupe des tâches ménagères. Tu as beau être dans le coma, Anneso n’a aucune pitié pour moi et m’esclavage à fond. En plus tu n’es plus là pour mettre le couvert, débarrasser partiellement la table et  gérer le tri sélectif. Je passe des journées d’enfer. Je suis obligé de t’écrire en cachette dans le garage.
Je suis déçu par la physique quantique. Je pensais qu’elle passerait outre ton coma, et qu’elle te permettrait de mettre le couvert. Sincèrement,  je suis dépité.
J’ai pris la table en photo afin que tu constates que c’est vraiment le bordel.
Bisous.

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